Perle 12, le retour de France!

Publié le par kloopaysages

 

grand colombier 047

 

Nous avions laissé notre goutte dans la montagne en compagnie de Germaine, sa copine allemande. ( Lire article Le marron chaud )

Installées sur les lacets de la chaussure gauche de Sophia. Guidée par René, la jeune allemande avait fini par atteindre le Pic de la belle étoile, le lendemain de leur fusion. L’amour allège le pas et l’aventure avait pris une autre ambiance. Mais au fur et à mesure de la montée, la température descendait et c’est en glaçon que Perle arriva au sommet. Las de ces mouvements incessants, elle décida de rester collée sur un rocher jusqu’à l’été. Germaine s’accrocha aux basques de la jeune fille et la suivit dans le retour en Allemagne…

Patrick, la cinquantaine bien tassée, fana de vélo, avait décidé de rejoindre le passage du tour de France au col du Galibier. Pratiquant assidu du cyclotourisme, il avait planifié son expédition depuis des mois. Il s’était entraîné ardemment afin d’éviter toute défaillance. Parti le 5juillet de Troyes, il avait enchaîné les étapes, profitant de la gastronomie locale, reprenant le poids perdu à bicyclette… Lundi 16 juillet, il fit halte au barrage du Chambon, situé sur la Romanche au bas de la station des Deux-Alpes. Il avait réservé un gîte auberge baptisé Le Siamois d’or, tenu par deux frères jumeaux. Il était 18 h 30, son estomac était descendu dans les talons ; il entra donc d’un pas lourd dans le chalet, s’empressa de demander un local pour ranger son vélo. 1 heure plus tard, après s’être installé dans sa chambre, remis de l’ordre dans son apparence, il gagna avec plaisir la salle de restauration d’où un fumet de potée auvergnate venait lui chatouiller les poils de nez qu’il avait dru ( Les tenanciers sont de Clermont-Ferrand…). Il s’attabla, commanda un apéritif, puis le menu. C’est à la fin de sa potée, relevant la tête du guidon, qu’il la vit…

Les chaleurs ont été précoces, ce printemps, sur le Pic de la belle étoile. La fonte des neiges est venue verdir les alpages, atteignant le sommet début juin. Un matin, le soleil vint caresser le rocher où Perle s’était accrochée ; elle se réveilla, se trouva toute belle dans sa robe de goutte ; mais rapidement, la panique l’envahit ; elle savait que si elle restait là, elle s’évaporerait sous la chaleur. Elle observa l’endroit et découvrit un peu plus bas, une mousse bien verte, bien fraîche encore toute humide du passage de ses collègues. Elle se laissa glisser sur la paroi, puis sur la toison émeraude du végétal qui lui rappela un précédent épisode ; le souvenir de Sophia et de Germaine déclencha un relent nostalgique qui aurait pu lui tirer une larme si elle avait pu pleurer…

Elle passa la journée à l’abri de son hôte. Vers 17 heures, comme souvent à cette époque, le ciel s’assombrit et des nuages vinrent s’épancher sur le Pic ; d’abord quelques gouttes, puis une grosse averse vinrent ruisseler sur le rocher, entraînant Perle dans la vallée ; elle se laissa emporter par le flot, pas mécontente de changer de paysage… La ruée vers l’eau dura quelques jours et quelques kilomètres avant d’atteindre une rivière un peu plus calme ; elle dévala la montagne des Sept-Laux, traversa la Forêt de Burges, passa le Bourg-d’Oisans et arriva dans les Gorges de l’Infernet…( A suivre )

Publié dans Ecritures

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