Perle 14: C’est du bidon !

Publié le par kloopaysages

 

 

Germaine et Perle, dans la tourmente, avait été éjectées de la jambe pour atterrir dans la chevelure grisonnante du cycliste ; c’est dire l’énergie de cet homme… L’ambiance était plutôt glauque dans cette univers capillaire ; des gouttes de laques, de sueur, de potée auvergnate ( notre homme avait la fâcheuse manie de passer sa main dans les cheveux, sans doute pour vérifier qu’ils étaient là et bien rangés…), se croisaient, se mélangeaient sur le crâne bouillonnant de stress. L’atmosphère devint plus respirable dans la soirée ; une douche shampouinée apporta une note de fraîcheur printanière et nos deux gouttes purent se détendre au pied d’un bosquet de cheveux dans la zone pariétale droite…

Mardi 17 juillet, Patrick se leva vers 5 heures ; le sommeil l’avait quitté et l’excitation de la journée à venir faisait grimper son impatience. Après ses ablutions matinales, il descendit dans la salle de restaurant pour prendre son petit déjeuner ; il se munit de ses 2 bidons afin de les remplir par la même occasion. Les tenanciers l’accueillirent avec enthousiasme pas mécontents de le voir partir aujourd’hui ; l’incident de la veille avait laissé des traces sur le plancher. C’est à 8h30 qu’ils entrèrent dans le hall de l’auberge ; tout de orange vêtus, ils étaient 3 suiveurs de l’équipe Rabobank ; ils empruntaient un itinéraire bis pour rejoindre la caravane et leurs coureurs à Tignes ; cette halte leur permettait de se restaurer et de prendre livraison d’un colis particulier. Bruno l’un des jumeaux leur semblait familier et une conversation hollandaise et feutrée s’installa dans le carré. Patrick avait bien vu cette intrusion mais n’avait remarqué que les couleurs fruitées de l’équipe batave, déclenchant des picotements dans les mollets beaucoup plus agréables que les dents de Médor. Le Galibier l’attendait… Il se leva et s’approcha du bar, demanda à l’autre jumeau de bien vouloir lui remplir ses bidons d’une eau bien fraîche ; Bruno devança son frère, s’emparant des deux récipients pour les emmener en cuisine où il se rendait. Il revint dix minutes plus tard avec 12 bidons aux grands étonnement de notre cyclotouriste, qui ne leur connaissait pas cette faculté de reproduction. L’aubergiste lui rendit les siens et alla donner le reste aux suiveurs. La surprise passée, chacun reprit sa route… Une heure plus tard, le vélo surmonté de son propriétaire démarra de l’établissement. Patrick connaissait les difficultés qu’il allait rencontrer ; c’est donc sur un rythme de croisière qu’il roula la N91 ; les 14 premiers kilomètres du barrage de Chambon à La Grave lui servirent d’échauffement. Cela devenait sérieux au pied du col du Lautaret, la route s’élevait progressivement, comme s’épuisaient les réserves d’énergie du coureur. La sueur inondait son visage, Germaine et Perle s’accrochaient courageusement aux cheveux, n’ayant pas envie de rejoindre la fournaise dans le maillot. Elles profitèrent d’un ravitaillement hydrique pour sauter sur le bidon ; collées sur le bouchon transparent, elles regardaient l’agitation venant de l’intérieur. Dans un premier temps elles trouvèrent bizarre qu’un coureur boive de l’eau gazeuse ; puis en y regardant de plus près, l’effroi les gagna ; elle n’avait jamais vu cela : des gouttes énormes, musclées à la Swarzeneger, qui avaient du mal à se liquéfier…


Publié dans Ecritures

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